CIRCUIT EN TUNISIE (juillet - août 2011)

Données historiques
 
 
Les premières traces de présence humaine en Tunisie datent du Paléolithique (chasseurs - cueilleurs dans l'oasis d'El Guettar à proximité de Gafsa).
Très tôt, la région et plus généralement toute la côte nord africaine sont occupées par des tribus libyennes qui commercent avec des marins phéniciens. Selon la légende, la reine de Tyr, Elyssa (ou Didon pour les romains), en exil aurait acheté une terre aux peuplades de la côte puis fondé Carthage en 814 avant Jésus Christ. La cité se développe. La destruction de Tyr par les babyloniens de Nabuchodonosor II au début du VIème siècle avant JC la place au rang de ville dominante de la Méditerrannée. Un premier traité signé avec Rome en 509 avant JC permet à Carthage de se développer. Le commerce des esclaves, du métal et des pierres précieuses enrichit ses habitants. Sa capacité de production agricole est supérieure à celle de Rome et de l'ensemble de ses alliés. La ville compte jusqu'à un million d'habitants. Carthage est une république aristocratique dirigée par le Conseil des Anciens qui s'oppose à l'Assemblée du Peuple. Les carthaginois vénèrent les déesses virginales phéniciennes (Lune et Ciel) mais aussi l'effrayante Ptah d'origine égyptienne. Plus tard, ils adoreront certaines divinités helléniques comme Apollon. A Moloch, dieu cruel, ils offrent des sacrifices humains.
Les guerres puniques vont mettre fin à la splendeur de Carthage. La première guerre punique (264 - 241 avant JC) se solde par la défaite d'Hamilcar, père d'Hannibal. Ce dernier, grand stratège, prend la tête des armées carthaginoises et entame la deuxième guerre punique (218 - 202 avant JC). Ses fantassins, ses cavaliers et ses éléphants de combat traversent l'Espagne, franchissent les Pyrennées puis les Alpes écrasant toute résistance romaine notamment à Cannes en Apulie en 216 avant JC. Il s'approche de Rome qu'il ne peut assiéger faute de renforts et d'armes de siège. Hannibal tente d'isoler la cité romaine mais son armée s'enlise à Capoue pendant dix ans. Scipion, un général romain, porte la guerre en Afrique ce qui oblige Hannibal à un retour rapide. Il est battu à Zama en 202 avant JC. Carthage doit signer un traité de paix (201 avant JC) et Hannibal s'exile avant de se suicider en 183 avant JC.
 

Pendant la même période, à l'ouest de Carthage, la Numidie est peuplée à partir du IIIème siècle par des berbères qui constituent deux tribus distinctes : les massaesyles et les massyles. Massinissa de la tribu massyle et Rome forment une alliance contre Carthage et Syphax le massaesyle. A la fin de la deuxième guerre punique, Massinissa unit le royaume numide et fait de Cirta (Constantine) sa capitale.
L'objectif des romains est réellement la destruction de Carthage. A l'issue de la troisième guerre punique (149 - 146 avant JC), les romains entrent dans Carthage, pillent la ville, la brûlent et déportent les survivants. Près d'un quart de siècle plus tard, les romains y implantent une nouvelle colonie qu'ils baptisent Colonia Lunonia mais la nouvelle ville ne se développe pas malgré la volonté politique de Jules César puis d'Auguste. La cité devient Colonia Lutia Carthago.
Partout ailleurs, des cités romanisées se développent : Dougga, Sbeïtla, Bulla Regia, El-Jem ou Thuburdo Majus. La région fournit à Rome ses productions agricoles (blé, olives). L'art de la mosaïque se développe avec un réel savoir foire.
Dès le IIème siècle après JC, Carthage est un archevêché mais on y persécute les chrétiens (premiers martyres dès 180).
En 428, Bonifacius, le gouverneur romain d'Afrique, entre en conflit avec l'empereur Valentinien III. Il fait appel aux vandales, une tribu teutonne qui s'était installée en Andalousie, en leur promettant richesses et aventure. A l'insu de Bonifacius, un traité est signé avec Geiséric le vandale et Valentinien III mais le vandale viole le traité en attaquant Carthage en 439. Plus tard, il pille Rome pendant deux semaines. En 533, le général Belisarius de l'empire romain byzantin remporte une victoire décisive à Tricameron contre Gélimer, le dernier roi des vandales qui se rend en 534. La présence byzantine ne durera que 170 ans, période troublée par l'insurrection de certaines tribus berbères hostiles à l'empire byzantin.
A l'est, l'expansion arabe a commencé. Alexandrie est occupée à partir de 646 mais les places byzantines résistent soutenues par certains berbères en partie christianisés. Profitant de l'affaiblissement de l'empire byzantin, les omeyyades, fondateurs de Damas, envahissent la région, chassent les byzantins et fondent Kairouan en 670 malgré la résistance berbère dirigée par Koceila. La Kahena, reine berbère, réussit à fédérer les différentes tribus berbères, pousse la Numidie au soulèvement et intègre dans son armée toutes les minorités. Les arabes dirigés par Hassan Ibn Numan prennent Carthage en 695 avant d'en être chassés par les byzantins en 696 puis battus à Tabessa par la Kahena en 697. Ils reviennent à Carthage deux ans plus tard, prennent la ville et la détruisent. Hassan construit à proximité des ruines un arsenal qui deviendra Tunis. Ses troupes peuvent repartir à la conquête de la région après la défaite des armées de la Kahena vers 703. Après les omeyyades, les fatamides (909 - 972) succèdent aux aghlabides (800 - 809). En 1048, Ibn Ziri fonde la dynastie berbère des zirides et s'opposent aux fatamides. La répression vient du nord de l'Egypte avec les Banu Hilal (les fils du croissant). Après une période de destruction, ils s'installent durablement et se mélangent aux berbères.
Le pays est par la suite occupé par les normands venus de Sicile jusqu'en 1160, par les almohades du Maroc puis par les hafsides appuyés par les espagnols de 1526 à 1574. Le territoire tunisien devient alors une province de l'Empire Ottoman et le restera pendant trois siècles. La Tunisie accueille deux vagues de réfugiés (1492 et 1609) qui fuient l'Espagne suite à l'effondrement du royaume de Grenade. Ils apportent leurs connaissances (architecture, art, irrigation, céramique).
Pendant la période ottomane, la Tunisie est gérée avec une certaine autonomie. Une partie de son économie repose sur la piraterie qui sévit le long des côtes tunisiennes (frères Barberousse). Il faut attendre le début du XIXème siècle pour que cesse cette activité sous la pression des gouvernements européens. A cette époque, le pays vit de profondes réformes comme l'abolition de l'esclavage. Dépenses somptuaires à la cour du Bey (personnage principal de la régence au coté d'un pacha dont le rôle honorifique est de représenter le sultan ottoman), corruption, emprunts et intérêts élevés mettent le pays en faillite en 1869. La Tunisie est placée sous la tutelle de la France, de la Grande-Bretagne et de l'Italie. La défaite de la France lors de la guerre franco-prussienne de 1870 la place en position défavorable par rapport à l'Angleterre qui se voit confier la gestion des chemins de fer, du gaz et de l'eau. En 1881, les français franchissent la frontière qui sépare l'Algérie de la Tunisie et fond route vers Tunis. Le Bey Mohammed IV, plutôt enclin à se mettre sous la protection des anglais, est contraint d'accepter le protectorat français (traité du Bardo). La Grande-Bretagne obtient en échange l'accord français pour une présence militaire à Chypre. Les italiens se sentent écartés et mettront quinze ans avant de reconnaître le protectorat français qui serra l'une des causes invoquées pour déclarer la guerre à la France en juin 1940. Quand aux ottomans, ils ne renonceront à leurs droits en Tunisie qu'à l'issue du congrès de Lausanne de 1923. La Tunisie connaît un essor important malgré une résistance vive notamment à Sfax et à Kairouan. En novembre 1942, les allemands investissent la Tunisie. Quelques mois plus tard, en janvier 1943, les troupes anglo-américaines et les forces françaises d'Afrique combattent l'Africa Korps de Rommel qui se retire dans le sud et fait face aux troupes anglaises de Montgomery et aux français de Leclerc. Tunis est libérée en mai 1943.
Un mouvement nationaliste modéré est né dès le début du XXème siècle. Habib Bourguiba est plus radical et fonde son propre parti en 1934. Il est emprisonné à plusieurs reprises. Fin 1952, des manifestations se déclenchent puis des émeutes, des grèves, des tentatives de sabotage et des attentats auxquels le système colonial répond par la répression, le contre-terrorisme et la mobilisation de près de 70.000 soldats français. La reconnaissance de l'autonomie interne de la Tunisie par Pierre Mendès France en 1954 ramène le calme. La Tunisie obtient son indépendance en mars 1956.
A la tête de l'assemblée constituante, Bourguiba proclame la république en mars 1957 et en devient le premier président en novembre 1959. Il met en place une politique de progrès social : code civil pour remplacer les lois islamiques, égalité homme - femme, divorce reconnu, avortement toléré dans certains cas, scolarisation obligatoire. Après avoir été élu pour trois mandats de cinq ans, il se proclame président à vie en 1974 malgré son âge, un état dépressif et un infarctus. En 1987, le général Zine el-Abidine Ben Ali, alors premier ministre, décide d'écarter Bourguiba du pouvoir en le destituant. Il est soutenu par de nombreux ministres et devient du même coup président. Retiré à Monastir, Bourguiba décède en avril 2000.
Elu à la présidence en 1989, Ben Ali révise la constitution, met fin à la présidence à vie et à la succession automatique par le premier ministre en cas de destitution. Il relance l'économie. Dans le même temps, il dirige un parti tout puissant avec huit partis d'opposition autorisés qui jouent un rôle très mineur dans la vie politique. Le référendum de 2002 qui visait à assouplir la vie politique ne change rien si ce n'est que le président peut briquer plusieurs nouveaux mandats (au lieu de 3) jusqu'à 75 ans (au lieu de 70) et bénéficie d'une immunité judiciaire à vie. Il est réélu en 1994 (99.9% des voix), en 1999 (même score), en 2004 (94.5% des voix) et en 2009 (89.6% des voix). La bonne santé économique du pays et l'émergence d'une classe moyenne ne suffisent pas à masquer les difficultés. La contestation sociale grandit guidée par un chômage en constante augmentation. En 2008, les manifestations ouvrières à Gafsa sont réprimées violemment. Les opposants sont emprisonnés. La ligue tunisienne des droits de l'homme voit ses congrès dissouts en 2001 et 2006. Les journaux d'opposition sont interdits. En décembre 2010, une insurrection éclate à la suite de la mort d'un jeune vendeur de fruits et légumes dans la région de Sidi Bouzid. La contestation s'étend à d'autres régions avec pour cause le chômage qui touche un grand nombre de jeunes diplômés mais aussi les affaires de corruption, de détournement et de vol qui touchent le clan du président. Les promesses de Ben Ali du 13 janvier 2011 n'y changent rien. Dès le lendemain, il doit céder le pouvoir et quitter le pays. Le président de la chambre des députés, Fouad Mebazza, est chargé d'organiser les élections présidentielles dans un délai de soixante jours. Les prisonniers d'opinion sont libérés, l'activité de la ligue tunisienne des droits de l'homme est à nouveau autorisée, les partis politiques qui en font la demande sont autorisés, la liberté totale de l'information est proclamée. Un gouvernement d'union national est constitué mais la présence de membres de l'ancien parti au pouvoir provoque la colère de la rue. Certains ministres doivent quitter le gouvernement.