CIRCUIT EN SYRIE (août 2010)

Données historiques
 
 
Vers 12.000 avant Jésus Christ, les hommes se sédentarisent dans cette riche région et fondent les tous premiers villages (Abu Hureyra, Mureybat). Ils deviennent cultivateurs et éleveurs entre les Xèmes et IXèmes millénaires de notre ère. Les villages se développent et les premiers bâtiments communautaires sont construits. Ils se situent au Proche-Orient et sur les rives de l'Euphrate (Halula). On maîtrise la cuisson des céramiques et l'irrigation. Des villes prospèrent : Sumer, Tell Brak (IVème millénaire, temple des " Idoles aux yeux "), Habuka Kabira (3.500 avant JC, centre urbain important). La cité sumérienne d'Uruk établit des comptoirs le long de l'Euphrate. Dans la région de Sumer, la découverte de l'écriture permet un nouveau bond en avant. Vers 3.000 avant JC, le sémites battent les sumériens. Leur empire s'étend du nord de la mer Rouge jusqu'en Turquie et à l'est jusqu'en Mésopotamie. Grâce au commerce, la ville d'Ebla contrôle un territoire qui s'étend de l'ouest au nord de la Syrie. Elle entre en concurrence avec Mari, cité de l'est. Vers 2.300 avant JC, Sargon établit son empire sur la Mésopotamie et conquiert les royaumes d'Ebla et de Mari. Le roi babylonien Hammourabi s'empare de Mari. Plus à l'ouest, les royaumes Yamhab et Mitanni s'imposeront sur tout le nord de la Syrie entre les XVI et XIVèmes siècles avant JC. Vers 1595 avant JC, les hittites venus d'Anatolie envahissent la région et battent l'empire babylonien. Les égyptiens, craignant l'hégémonie hittite lancent plusieurs expéditions dans la région. Les villes de la côte peuplées par les phéniciens choisissent la neutralité et peuvent ainsi se développer grâce au commerce avec les différents protagonistes de la région et d'autres royaumes du bassin Méditerranéen. C'est le cas d'Ugarit à partir de la moitié du XVème siècle avant JC. La cité invente le premier alphabet, outil qui facilite le commerce. Vers 1.300 avant JC, au sud de Homs, a lieu la célèbre bataille de Qadesh qui oppose égyptiens et hittites. Après une courte période de prospérité, l'est du bassin Méditerranée et le Proche-Orient connaissent une période de troubles dont l'origine est mal connue mais qui conduisent à la disparition des empires hittites et mycéniens et de plusieurs cités dont Ugarit. Ce sont les araméens, nomades sémites, qui vont procéder à la reconstruction. Ils domineront la région pendant quatre siècles. Des royaumes émergent : Aram non loin de Damas, Arpad près d'Alep et Hamat sur les rives de l'Oronte. Sur la côte, les cités phéniciennes connaissent à nouveau la prospérité. Les néo-hittites s'installent dans le nord ouest à partir de 900 avant JC en massacrant la population. Les néo-assyriens s'emparent de toute la Mésopotamie avant de la céder aux babyloniens qui déportent les populations puis aux perses en 539 avant JC. En 333 avant JC, les perses sont à leur tour battus par le macédonien Alexandre le Grand à Issos près d'Antioche en Turquie. A sa mort, ses généraux se partagent l'empire et la Syrie est attribuée à Séleucos, gouverneur de Babylone. Plusieurs villes sont fondées. La région connaît une période de prospérité. Une nouvelle période commence avec l'arrivée des parthes. Ils règnent sur la Bactriane, l'Iran, la Mésopotamie, l'Arménie au détriment de l'empire séleucide qui se réduit à la seule Syrie. Les romains, conduits par Crassus, sont défaits à Carrhes dans le nord de la Syrie. C'est le début d'une longue période de conflits. En 64 avant JC, Pompée fait de la Syrie une province romaine qui génère des revenus importants pour Rome. A l'aube de l'ère chrétienne, Antioche est évangélisée par Paul. Les ermites vivent leur foi dans l'isolement, les stylites (Saint Siméon) en haut d'une colonne et les monophysites ne considèrent que la nature divine du Christ. La doctrine de ces derniers portée par des évêques syriens et égyptiens est condamnée en 451. Des persécutions s'ensuivent.
L'avènement de l'Islam va marque le début d'une nouvelle ère. En 635, Omar le second calife s'empare de Bosra, Damas et Alep. Jetées dans la bataille, les armées de Byzance sont battues sur le Yarmouk à la frontière qui sépare la Syrie de la Jordanie. Profitant de l'assassinat de plusieurs califes, Moawya, gouverneur de Syrie, se proclame calife en 661 et fonde la dynastie des Omeyyades dont la capitale est Damas. C'est le début de l'arabisation. On construit la mosquée des Omeyyades, des hammams et des jardins. On développe l'irrigation. Damas rayonne malgré les luttes pour succéder aux califes, les règnes de courte durée et les révoltes. En 750, le calife Abu al-Abbas de la famille des Abbassides originaires d'Iran élimine les derniers Omeyyades. La nouvelle capitale est Bagdad servie entre autres par des tribus turques converties. Les milices turques prennent de plus en plus d'importance et finissent par faire et défaire les califes. L'empire se démembre. La dynastie arabe des Hamdanides s'installe à Alep et occupe le nord de la Syrie. La famille turque des Ikhshidrides s'établit à Damas et dans le sud de la Syrie.
Au XIème siècle, les turcs Seldjoukides prennent Bagdad et sont aux portes de Byzance. Le XIème siècle est marqué par les croisades. Les croisés prennent Nicée (aujourd'hui Iznik), écrasent les forces Seldjoukides à Dorylée, prennent Antioche puis Maarat-Al-Noman, s'emparent du Liban puis de Jérusalem dont ils massacrent la population le 15 juillet 1099. HOMS reste aux mains d'un chef syrien, Damas et Alep sont dirigées par des grandes familles turques. Le turc Zengit s'empare d'Homs et d'Alep, défait les croisés à plusieurs reprises et prend Edesse. Son fils s'empare du nord de la Syrie pendant que l'un de ses généraux Shirkuh conquiert l'Egypte. Le trône d'Egypte revient à son neveu Salah ed-Din plus connu sous le nom de Saladin. Il va infliger aux croisés défaites sur défaites notamment à Qarne-Hittim où il anéantit une armée de chevaliers. Il finit par prendre Jérusalem et fonde la dynastie des Ayyabides qui domine le Proche-Orient.
 
Salah ed-Din (Saladin)
 
En Egypte, les mamelouks prennent le pouvoir en 1250. Ils font de Damas la seconde ville de l'empire derrière Le Caire. A partir de 1516, le pays est occupé par les ottomans qui ont pris Constantinople en 1453. Ils règneront jusqu'en 1918 excepté lorsque l'égyptien Ibrahim Pacha occupe la Syrie de 1832 à 1840. A l'issue de la première guerre mondiale, les forces arabes de l'émir hachémite Fayçal entrent dans Damas en octobre 1918 avec la promesse de Lawrence d'Arabie de régner sur la Syrie, la Mésopotamie et le Jourdin.
En fait, un accord secret conclu entre la France et la Grande-Bretagne place la Syrie sous mandat de Paris. La proclamation d'indépendance n'y fait rien. Les troupes françaises du général Gouraud envahissent la pays et Fayçal doit s'exiler en Irak. Anglais et français créent des pays à leur convenance (création du Liban, cession d'Antioche à la Turquie). Après la reddition française de 1940, Londres appuyée par les forces françaises libres prend le contrôle du pays puis fait pression sur les français pour qu'ils accordent l'indépendance de la Syrie. C'est chose faite le 27 septembre 1946. Commence alors une période d'instabilité marquée par plusieurs coups d'état. En 1953, le parti socialiste arabe d'Akram Hourani et le parti Baas chrétien de Michel Aflak fusionnent. Le parti Baas prône l'union de tous les arabes en un seul état socialiste. En 1954, les civils renversent le colonel Adib Chichakli au pouvoir depuis 1949 mais l'instabilité politique perdure. Le 1er février 1958, l'Egypte et la Syrie créent la république arabe unie. Cette entité ne vivra que trois années. Le 28 septembre 1961, le général Haydar al-Kouzbari prend le pouvoir et la Syrie fait sécession. Une nouvelle période d'instabilité commence jusqu'au coup d'état du 8 mars 1963 qui installe le conseil national de commande révolutionnaire. Le parti Baas vient de prendre le pouvoir. Il épure l'administration et l'armée, nationalise les banques et l'industrie et réprime les révoltes. Le projet d'union entre l'Egypte, l'Irak et la Syrie ne peut aboutir. En décembre 1965, l'aile radicale du parti Baas chasse les fondateurs historiques du parti et applique une politique régionaliste et non panarabe. La guerre des Six Jours (juin 1967) fait perdre le Golan à la Syrie qui ressort humiliée du conflit. Le 13 novembre 1970, le ministre de la défense Hafez el-Assad prend le pouvoir. Il exercera le pouvoir pendant trente ans après avoir purgé le parti et mis le pays sous son contrôle. Il s'engage dans la lutte contre Israël. En 1971, il soutient les palestiniens qui tentent un coup d'état en Jordanie mais interdit dans le même temps aux forces palestiniennes stationnées en Syrie de rejoindre la Jordanie. En octobre 1973, il entre en guerre aux cotés des égyptiens contre Israël (guerre du Kippour). En 18 jours, l'armée syrienne est détruite. La Syrie n'intervient pas lorsqu'Israël envahit le Liban en juin 1982. El-Assad expulse Yasser Arafat puis se rapproche du Liban. Il soutient l'Iran dans le conflit Iran-Irak et envoie un contingent en Arabie après l'invasion du Koweit en août 1990. La Syrie devient l'un des acteurs essentiels pour la stabilité au Proche-Orient. La seconde guerre du Golfe (janvier 1999) choque les syriens qui ne voient plus en Saddam Hussein une menace pour la paix dans la région. Les relations avec la Turquie sont tendues car la Syrie compte sur son territoire des membres du parti des travailleurs du Kurdistan. La tension atteint son paroxysme en octobre 1998. Hafez el-Assad décède le 10 juin 2000. A 37 ans, son fils Bachar el-Assad accède au pouvoir. Comme son père, il muselle les opposants et réprime certaines minorités actives. L'armée israélienne se retire du sud Liban en 2000 mais la Syrie y maintient 14.000 militaires avec l'accord des autorités libanaises qui souhaitent rétablir la stabilité dans la région mise à mal par l'Intifada. Bachar el-Assad se rapproche de la Turquie. L'assassinat de Rafic Hariri, ancien premier ministre libanais, en février 2005 crée des tensions au Proche-Orient. L'ONU conclut à la responsabilité de la Syrie dans l'attentat qui coûta la vie à cet opposant. La communauté internationale réclame le retrait des troupes syriennes en poste au Liban. La Syrie finit par rappeler ses hommes mais les accusations contre elle s'amplifient avec un rapport de décembre 2005 qui accuse une nouvelle fois la Syrie dans la mort d'Hariri. En mai 2007, l'ONU vote la création d'un tribunal international pour juger un certain nombre d'actes terroristes au Liban impliquant les autorités syriennes. En novembre 2008, Banki-moon annonce l'ouverture moins de six mois plus tard, d'un tribunal spécial pour le Liban. Ceci a pour effet immédiat de relancer le dialogue entre syriens et libanais. En mars 2009, Bachar el-Assad est ainsi présent à l'inauguration de l'ambassade du Liban à Damas. En avril 2009, coup de théâtre dans l'affaire Rafic Hariri, les généraux libanais favorables à la Syrie mis en examen sont remis en liberté faute de preuves et, un mois plus tard, c'est au tour des américains (administration Bush) d'être accusés dans l'assassinat de l'ex premier ministre du Liban. Au niveau international, la Syrie est accusée de soutenir le Hezbollah libanais, d'avoir recueilli certains dirigeants irakiens, de s'allier avec Téhéran et de poursuivre un programme nucléaire qui manque de clarté. Bachar el-Assad est cependant incontournable au Proche-Orient. Les relations avec l'administration américaine, l'Europe, la Jordanie et même Israël se détendent peu à peu. Début 2008, l'état d'Israël se dit même prêt à rendre le Golan aux syriens sous réserve que la Syrie se désolidarise de l'Iran et arrête son soutien au Hezbollah et au Hamas mais les discussions sont interrompues en janvier 2009 lors de la guerre de Gaza.