CIRCUIT MALTE (août 2022)
Données historiques
 
L’homme débarque sur l’île vers 5 200 avant JC. Les techniques de navigation de l’époque ne permettent pas à ce premier groupe de revenir à sa guise vers ses origines de telle sorte qu’il commence à évoluer indépendamment en développant sa propre identité à partir des traditions ancestrales : culte de la fertilité symbolisée par une ou deux déesses, morts ensevelis, poteries grises (4 500 – 4 400 avant JC), poteries rouges (4 400 – 4 100 avant JC), première représentations humaines d’une déesse mère, tombeaux collectifs creusés dans la roche (4 100 – 3 800 avant JC).
Au début du IVème millénaire avant JC, l’île connaît une nouvelle vague de peuplement. Ces nouveaux arrivants érigent des temples et, pendant près de 1 500 ans, ils vont perfectionner leur art jusqu’à des constructions gigantesques comme le temple Ggantija à GOZO (3 600 – 3 000 avant JC) ou le temps de TARXIEN (3 000 – 2 500 avant JC). A cette époque, est construit l’hypogée de Hal Saflieni. Cette civilisation disparaît vers 2 500 avant JC sans qu’on ait retrouvé la trace d’une guerre ou d’une épidémie.
L’île reste inhabitée pendant plusieurs siècles jusqu’à l’arrivée de nouveaux venus vers 2 500 – 2 000 avant JC. Ils ont des outils et des armes en bronze. Ils incinèrent leurs morts et déposent les urnes funéraires dans les anciens grands temples.
A la fin du IIème – début du Ier millénaire, des immigrés venus de CALABRE déparquent à MALTE. Ils entrent en contact avec les phéniciens qui commercent depuis l’Orient. Aux alentours de 900 avant JC, ces derniers installent des comptoirs à MALTE, située sur les routes de l’ESPAGNE et de la GAULE et établissent une colonie à CARTHAGE. Après l’effondrement de la civilisation phénicienne, les grecs s’installent dans l’île dans le cadre de leur projet de Grande GRECE mais, au Vème siècle avant JC, les carthaginois colonisent l’archipel et s’installent à l’intérieur des terres pour en faire une base importante dans leur lutte contre la Grande GRECE et contre ROME. Le développement de CARTHAGE gêne la volonté expansionniste de ROME. Au cours de la seconde guerre punique (218 avant JC), MALTE tombe aux mains des romains sans aucun combat.
MALTE est rattachée à la SICILE. Les romains développent la production d’huile d’olive. Ils édifient des villas, des bains, des piscines et des temples qui se substituent aux sanctuaires puniques. La capitale, MELITA (aujourd’hui MDINA) devient une ville importante protégée par une enceinte. A cette époque et selon la tradition, le bateau qui transportait l’apôtre Saint Paul, conduit à ROME pour y être jugé, aurait fait naufrage au large de la SAINT PAUL’S BAY. Saint Paul séjourne à MALTE pendant trois mois et évangélise une petite partie de la population maltaise. Après la chute de ROME au Vème siècle, MALTE est intégrée à l’empire d’Orient par le général byzantin Bélisaire à partir de 533. MALTE devient une importante base navale et son église est rattachée au patriarcat de CONSTANTINOPLE. En 870, MALTE tombe sous domination musulmane après sa conquête par Ibn Khadafcha pour le compte de la dynastie de KAIROUAN (TUNISIE actuelle). Vers l’an 1000, les émirats et les califats se multiplient en Occident. Les normands conduits par Roger de Hauteville en profitent et débarquent à MALTE en 1090. Ils rétablissent le christianisme. MALTE devient un territoire annexé à la SICILE. L’île est exploitée comme au temps des musulmans. Au XVème siècle, la noblesse maltaise tente de s’approprier les pouvoirs militaires et civils. En 1427, une révolte populaire contre le gouvernement d’un de ses nobles oblige Alphonse V le Magnanime, roi de SICILE, à garantir les droits du peuple maltais. Pendant les cinq siècles de domination sicilienne, la culture des céréales, du coton et de la vigne donne du travail à une population rurale qui croît lentement.
Le XVIème siècle est marqué par l’arrivée des chevaliers de l’ordre de Saint-Jean de JERUSALEM qui ont été chassés successivement de la Ville Sainte, de CHYPRE puis de RHODES par Soliman le Magnifique. Avec l’appui de Charles Quint qui craint une intervention ottomane dans le bassin occidental de la MEDITERRANEE, les Hospitaliers font de MALTE leur nouvelle base et y installent leur marine de guerre. La SICILE en conserve la propriété mais l’Ordre en reçoit l’usufruit à condition d’en demander l’investiture à chaque nouveau règne. Les chevaliers s’installent à BIRGU, éperon vaguement fortifié au milieu du Grand Port de la capitale. Leurs débuts sont difficiles : échec devant ALGER en 1541, déportation des habitants de GOZO en 1551, défaite devant DJERBA en 1560. Le 15 mai 1565, 180 galères turques transportant 40 000 ottomans et barbaresques débarquent à MALTE. C’est le début du Grand Siège. Ils concentrent leurs attaques contre le fort Saint-Elme qui défend la presqu’île de SCIBERRAS surplombant le Grand Port et BIRGU. Le fort tombe en juin et ses chevaliers sont massacrés. L’offensive turque se poursuit mais, en septembre, le « Grand Secours » constitué d’espagnols conduit les ottomans à lever le siège le 8 septembre après avoir perdu 30 000 hommes contre 9 000 côté maltais et 219 du côté des chevaliers. Dans un contexte de renouveau de l’art chevaleresque, l’Ordre en sort grandi et MALTE qui devient le « boulevard de la Chrétienté », attire les regards de la noblesse européenne. Sous la direction de Jean de La Valette, l’Ordre réorganise la défense de l’île. Une ville nouvelle est édifiée sur la presqu’île de SCIBERRAS. Elle est entourée de fossés et de remparts. LA VALETTE devient la capitale de l’Ordre. Les ottomans ne sont déjà plus une menace depuis leur défaite à LEPANTE. L’Ordre reçoit alors la charge de la lutte contre les pirates barbaresques. L’île qui se retrouve au cœur d’un vaste circuit commercial entre les deux bassins de la MEDITERRANEE se développe : essor démographique, constructions nouvelles, émergence d’une bourgeoisie, modernisation de l’économie. Ces changements ne s’accompagnent pourtant pas d’une modernisation de l’organisation politique. Lorsque Ximenes, grand maître de l’Ordre entreprend une réforme de l’Etat, des finances et de la législation, il provoque la première révolte contre l’Ordre. MALTE n’accepte plus la puissance tutélaire des chevaliers. Parallèlement et à partir de 1780, l’Ordre entre dans une période compliquée : opposition intestines, opposition contre NAPLE, son suzerain, et contre le pape, son supérieur. La Révolution française fait perdre à l’Ordre ses biens qui sont nationalisés. Ils assuraient la moitié des revenus des chevaliers qui sont obligés de réduire leur train de vie. Le 10 juin 1798, les troupes napoléoniennes en route vers l’EGYPTE se retrouvent face à l’archipel. La bourgeoisie maltaise fait savoir à l’allemand Hompesch, dernier grand maître, qu’il ne pourra pas compter sur la population pour défendre l’île et qu’elle est prête à négocier directement avec Napoléon Bonaparte. Il abandonne MALTE et ses dépendances à la République française mais refuse d’en ratifier la convention.
Bonaparte ne reste que six jours à MALTE mais réorganise complètement l’île : division en municipalités, mise en place d’un gouvernement local qui agit aux côtés d’un commissaire du Directoire, abolition de la noblesse et de la féodalité, introduction des lois françaises, réorganisation de l’Eglise, nouvelle réglementation économique. Tous ces changements poussent les maltais à prendre les armes. Ils font appel au roi de NAPLE qui demande l’aide de ses alliés anglo-portugais. Un blocus de l’île se met en place. Comprenant l’intérêt qu’ils peuvent tirer d’une alliance avec la puissance économique britannique, une délégation maltaise offre à George III la souveraineté de l’archipel. Le 5 septembre 1800, les troupes françaises réduites à la famine signent leur capitulation. Bonaparte tente de réimplanter les chevaliers et fait élire un nouveau grand maître mais les anglais refusent de quitter l’île. MALTE est officiellement rattachée à la GRANDE-BRETAGNE aux traités de PARIS de 1814 et de VIENNE en 1815. L’ordre de Saint Jean renonce définitivement à toute prétention sur l’archipel au congrès de VERONE en 1822.
Pendant les vingt ans qui suivent, les institutions maltaises disparaissent. La ruine de la culture du coton dans un contexte de forte croissance démographique oblige les maltais à choisir l’émigration. En 1835, les anglais créent un Conseil de gouvernement et garantissent la liberté de la presse mais cela ne suffit pas à calmer les aspirations des maltais. La vie politique locale s’anime et l’île est le théâtre d’affrontements entre collaborationnistes et nationalistes conduits par Fortunato Mizzi. Pendant la Première guerre mondiale, les appels à l’indépendance se multiplient et le 7 juin 1919, une manifestation en faveur d’une Constitution dégénère. En 1921, les anglais accordent aux maltais un gouvernement autonome, une assemblée législative et un sénat. Le mécontentement maltais est attisé par Mussolini. En 1927, Strickland, jeune noble maltais favorable aux britanniques forme un gouvernement, supprime l’italien de la vie quotidienne pour lui substituer l’anglais et le maltais, promu au rang de langue nationale. A partir de 1929, l’Eglise maltaise s’oppose à Strickland. En juin 1932, les élections sont remportées par les nationalistes et Ugo Mifsud est appelé à former un gouvernement. En 1936, la GRANDE-BRETAGNE administre MALTE après avoir suspendu sa Constitution. Redoutant les liens entre nationalistes maltais et fascistes italiens, les anglais déportent les leaders politiques en EGYPTE et en OUGANDA. Dès le début de la Seconde guerre mondiale, l’île est bombardée par les aviations italienne et allemande et cela durera jusqu’en 1942. Durant le seul mois d’avril 1942, 6 730 tonnes de bombes sont déversées sur l’île. Sa population est affamée par un blocus maritime. A l’automne 1942, MALTE tient toujours, soutenue et ravitaillée par des convois anglais. Au printemps 1943, MALTE devient la base arrière qui permet de préparer le débarquement en SICILE et en ITALIE du sud. A la fin de la guerre, MALTE compte 1 600 morts et 25 000 maisons détruites.
En 1947, MALTE est dotée d’une nouvelle constitution avec un gouvernement autonome et une chambre unique. La vie politique maltaise connaît alors une période de turbulences avec l’affrontement entre deux partis politiques, les travaillistes conduit par Dominic Mintoff et les nationalistes. L’autonomie de l’île est suspendue en 1958 puis rétablit en 1962. Les élections de 1962 sont remportées par les nationalistes. Le 21 septembre 1964, MALTE devient un état du Commonwealth avec un gouverneur représentant la reine qui nomme le Premier ministre issu du parti majoritaire. Le 7 avril 1965, MALTE devient le dix-huitième état membre du Conseil de l’EUROPE. Après leur victoire aux élections de 1971, les travaillistes conservent le pouvoir jusqu’en 1987. Dominic Mintoff fait proclamer la République et rompt tous liens avec l’ANGLETERRE sans quitter le Commonwealth. Un président de la République vient remplacer le gouverneur. Les dernières forces britanniques quittent MALTE le 31 mars 1979. MALTE se range dans le camp des non-alignés et flirte avec le camp communiste tout en continuant à faire appel à l’aide occidentale. En 1987, les nationalistes reviennent au pouvoir et oeuvrent pour sortir MALTE de l’isolement diplomatique dans lequel leurs prédécesseurs l’ont conduite. Le 16 juillet 1990, MALTE fait officiellement sa demande d’adhésion à la Communauté économique européenne. Les mesures qui visent à mettre le pays en conformité avec les règles européennes provoquent la colère d’une partie de la population. Après la parenthèse travailliste (1977 – 1998) pendant laquelle le processus d’adhésion est interrompu, les nationalistes revenus au pouvoir rouvrent les négociations. Le 8 mars 2003, le « oui » (53 %) l’emporte au référendum sur l’adhésion et, le 16 avril 2003, Eddie Fenech-Adami, Premier ministre, signe à ATHENES l’accord d’adhésion. MALTE adopte la monnaie européenne le 1er janvier 2008 et entre dans l’espace Schengen. Elections après élections, les nationalistes cèdent du terrain face aux travaillistes qui emportent le scrutin de 2013. Joseph Muscat devient le nouveau Premier ministre. En juin 2017, après le scandale des « Panamas Papers » qui met en cause la femme du Premier ministre accusée d’avoir touché des pots-de-vin via une société panaméenne, la journaliste Daphne Caruana Galizia qui est à l’origine de ces révélations est assasinée.

Cette affaire met en avant les méthodes en vigueur dans l’île : corruption, blanchiment d’argent, compte offshore des dirigeants, fonctions régaliennes aux ordres, liberté de la presse qui n’est pas garantie. Un an après la disparition de la journaliste, les commanditaires n’ont toujours pas appréhendés mais un collectif de 18 médias internationaux poursuit l’enquête et, en décembre 2018, confirme les soupçons de corruption des proches du Premier ministre. Une commission d’enquête est créée mais ses membres sont nommés par le Premier ministre. La législation de MALTE lui permet de vendre un passeport à de riches étrangers non communautaires ce qui ouvre la porte de l’EUROPE au « crime organisé » (blanchiment d’argent, corruption). Ces ventes sont très lucratives pour le gouvernement maltais comme l’enquête de Daphne Caruana Galizia l’avait révélé avant son assassinat. Le 20 novembre 2019, Yorgen Fenech, un homme d’affaire, est arrêté et mis en accusation dans le meurtre de la journaliste qui enquêtait sur lui. Dans la foulée, plusieurs personnalités politiques de premier plan démissionnent ou se mettent en retrait. Le 1er décembre, sous la pression des maltais, Joseph Muscat est contraint d’annoncer sa démission. Il est remplacé en janvier 2020 par Robert Abela qui forme un gouvernement avec beaucoup d’anciens ministres. Les maltais consultés par sondage estiment que la corruption sur l’île est généralisée. L’enquête sur la mort de la journaliste se poursuit et, au printemps 2021, dix-sept personnes sont incarcérées pour corruption, blanchiment d’argent et falsification de documents. Parmi elles, se trouve Keith Schembri, chef de cabinet du Premier ministre Joseph Muscat. De nombreuses demandes de pardon sont révélées. En août 2021, Yorgen Fenech est condamné à la prison à perpétuité. La Commission européenne s’intéresse à toutes ces affaires et, en 2019, un rapport exige de MALTE une lutte plus efficace contre le blanchiment d’argent et le financement terroriste. Le gouvernement maltais procède à de multiples arrestations qui conduisent l’EUROPE à souligner des améliorations tout en maintenant le pays sous surveillance. Dans le même temps, le groupe d’action financière classait MALTE dans sa « liste grise » ce qui constitue un fait unique pour un pays européen.

Ordre de Saint Jean de JERUSALEM, de RHODES et de MALTE : L’un des plus anciens ordres de chevalerie du monde avec double vocation : religieuse et militaire. Il est fondé en 1050 sous la forme d’une communauté monastique qui s’inspire des enseignements de Saint Jean le Baptiste. Ils s’appellent alors les Hospitaliers. En 1099, après la conquête de JERUSALEM, il est doté richement par Godefroy de Bouillon et se voit accorder des privilèges. En 113, le pape Pascal II leur impose l’obligation de recevoir, de soigner et de protéger les pèlerins. En 1123, les Hospitaliers prennent le nom de chevalier de Saint Jean de JERUSALEM. Au XIIème siècle, l’ordre devient un ordre militaire. Ils sont chassés de JERUSALEM par Saladin en 1187 et doivent se retirer à CHYPRE puis à RHODES en 1210. Ils reçoivent les biens des Templiers dont l’Ordre vient d’être supprimé. Durant cette période, l’Ordre est divisé en huit langues, chacune ayant une caserne-couvent appelée l’auberge. En 1523, l’Ordre est chassé de RHODES par les ottomans et finit par s’installer à MALTE avec l’appui de Charles Quint. Au XVIème siècle, c’est le seul ordre monastique chevaleresque créé pendant les croisades à perdurer. Extrêmement riche et possédant des biens dans tous les royaumes catholiques, il est considéré comme une puissance économique européenne. En 1798, à la suite de l’invasion de l’archipel par Napoléon Bonaparte, l’Ordre quitte MALTE pour s’installer à ROME en 1834. Aujourd’hui, la majorité des 13 500 chevaliers et dames de l’Ordre sont des laïcs roturiers qui doivent cultiver les valeurs chrétiennes. L’Ordre conduit des actions médico-sociales et humanitaires dans plus de 120 pays. Bien que n’étant pas un état, l’Ordre entretient des relations diplomatiques avec 105 pays, dispose d’un siège d’observateur permanent à l’ONU et à la Commission européenne, peut délivrer des passeports, battre sa propre monnaie, émettre des timbres et peut agir en qualité de médiateur. L’Ordre est dirigé par un prince et grand maître.